La chaîne portugaise ensablée

01/06/2007 - Emmanuel Berretta - ©

Dans Le Point du 14 septembre 2006, nous vous annoncions le lancement de CLP TV, la chaîne de la communauté portugaise. Dûment conventionnée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel, elle devait émettre à compter du 25 novembre 2006 et visait un public de deux millions de personnes d’origine portugaise en France.

Plus de six mois plus tard, force est de constater que CLP TV n’a aucunement tenu les promesses dont nous nous étions fait le relais. À vrai dire, la chaîne n’a cessé de naviguer de Charybde en Scylla…

Prise dans un imbroglio juridico-financier, la chaîne diffuse deux heures par jour des documentaires multi-rediffusés. Rien à voir avec la grille « 24 heures sur 24 » promise au CSA, laquelle prévoyait deux journaux télévisés par jour, un film chaque lundi, des retransmissions sportives, 60 % de productions propres et 40 % d’acquisitions…

En fait de deux JT quotidiens, à notre connaissance, un seul pilote de journal télévisé a été enregistré en six mois d’existence…

Il est vrai que rien n’aura été épargné à CLP TV. Sans prévenir, dès le lendemain de son lancement, le 26 novembre, Globcast, le diffuseur satellitaire, fait sauter CLP TV au profit d’Al Jazira. Le signal n’a été rétabli qu’en mars et, bien évidemment, dans les profondeurs du classement… Donc, pendant quatre mois, la chaîne n’a pas pu émettre. Elle n’existe pas davantage sur le câble ou sur les bouquets ADLS (Free, Alice, Neufbox, Livebox).

Rien à l’antenne. Et pourtant, son capital fond comme neige au soleil. Le directeur d’antenne, Antonio Cardoso, parvient ainsi à dilapider un million d’euros. Comment ? La question fait justement l’objet d’un litige. L’ordinateur professionnel de M. Cardoso est en cours d’analyse.

La situation alerte à ce point les investisseurs que, le 31 janvier, une assemblée générale des actionnaires provoque une révolution de palais. Antonio Cardoso, également actionnaire minoritaire, est démis de ses fonctions « pour faute ». Le conseil d’administration change de président (Florindo Ventura cède son siège). Une dizaine de nouveaux investisseurs sont appelés en renfort. Une recapitalisation portant sur cinq millions d’euros a été votée. Elle sera échelonnée sur l’année.

Le nouveau président, Carlos de Matos, fait appel à Pedro Mariano, un ancien de la RTP (la télévision publique portugaise), lequel dirige l’antenne depuis février. Sans grand résultat.


En janvier, CLP TV informe le CSA que ses programmes ne commenceraient qu’en mars. En réponse, les Sages demandent que la chaîne lui fasse parvenir ses avant programmes. Une demande restée lettre morte.

Quand arrive mars, les services du CSA constatent l’indigence de la programmation. Un courrier est alors envoyé à la chaîne, lui aussi « resté sans réponse ».

Voici une quinzaine de jours, une chargée de mission du CSA contacte par téléphone CLP TV. « Une nouvelle directrice de la programmation » daigne cette fois répondre. Elle indique  au CSA que l’équipe a changé. Elle prend rendez-vous au CSA pour « se faire expliquer la convention de la chaîne ». Il serait temps, en effet.

Promesse est faite aux Sages que le 2 juillet prochain, CLP TV sera enfin en mesure de proposer une grille de quelques heures fraîches par jour.

On vous tiendra au courant.

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